Épisode 04
Les fêtes de fin d’année sont là. Tout nous pousse à consommer. Plus que jamais. Mais pourquoi ?
Transcription de l'épisode
Nous voici déjà en décembre ! Le temps des fêtes de fin d’année, des cadeaux, des décorations. Les marchés d’hiver sont déjà ouverts ou dans les starting blocks. L’heure est venue… de consommer. On compte sur vous, il y a toute une économie à faire tourner.
S’il est bien un fait qui caractérise l’écrasante majorité d’entre nous, c’est la nécessité de posséder.
Collectionner.
Jusqu’à l’obsession parfois !
Est-ce un problème ? Je ne peux pas l’affirmer et je ne suis personne pour pouvoir en juger d’ailleurs. Mais en ce qui me concerne, j’avais besoin de changement. Parce que la consommation à l’excès… j’en sais quelque chose.
Enfant déjà, j’aimais conserver tout et n’importe quoi. Au-delà des jouets, évidemment, j’aimais entasser mes trouvailles. Par la suite, j’ai tout collectionné. Les bandes dessinées d’abord. Les Lego également.
Tout cela a surtout pris une dimension ingérable avec les jeux vidéos, alors que je disposais de mon premier ordinateur. Rapidement, les échanges et copies illégales ont commencé et je me suis retrouvé avec des centaines de jeux dont la plupart me laissaient totalement indifférent·e. Je désirais juste tous les avoir, même si au final je n’en utilisais qu’une poignée.
Et c’est une habitude que j’ai perpétuée avec les magazines musicaux et jeux vidéo que je conservais religieusement.
Tout comme les visites hebdomadaires au centre de prêt de la médiathèque pour copier des centaines de CD musicaux que j’ai ripé en MP3 durant des années. J’avais entassé + de musique qu’il n’est possible d’en écouter en une seule vie, rendant mon Winamp malade d’indigestion et presque inutilisable tant il peinait à suivre à l’indexation de tous ces fichiers inutiles.
Les Divx sont arrivés ensuite et j’ai, comme nombre d’entre vous, possédé des classeurs remplis de CD de films téléchargés avant de tout jeter quelques années plus tard quand la HD est arrivée.
La collectionnite aiguë.
Et ce n’était qu’un début.
J’ai acheté des tonnes de DVDs, CDs, livres, BDs, … ma passion pour le jeu vidéo m’a fait acheter toutes les consoles qui sortaient, des années durant, et des quantités de jeux indécentes. Des consoles et jeux que j’entreposais dans des cartons qui encombraient ma cave une fois la nouvelle génération venue et auxquelles je ne touchais plus que pour les déménager.
L’arrivée du dématérialisé avec Steam n’a rien arrangé. Ah, les fameuses soldes Steam… J’en ai déjà parlé dans un épisode de l’École des FAQ que vous retrouverez dans les notes de l’émission d’ailleurs. Des achats impulsifs… compulsifs même… et une quantité certaine, dans le lot, de jeux auxquels je ne jouerai… jamais.
Mais un jour… tout a changé.
Je suis bien incapable de savoir si cela a été grandissant ou soudain.
Peut-être avec l’arrivée de Spotify et Netflix. La possibilité d’avoir accès au contenu sans devoir l’entasser sur mes étagères ou disques durs a forcément changé mon regard sur la propriété. J’ai pu réaliser que le plaisir de posséder avait depuis un moment dépassé mon plaisir de profiter de ce qui était à ma disposition.
Je pense que l’étape suivante a été de réaliser que tous ces cartons que je stockais avaient une réelle valeur. Une valeur dormante que j’aurais pu utiliser autrement. Je ne suis pas du tout pour la spéculation et conserver le tout dans le but de revendre plus tard à prix d’or à des personnes qui pourraient vraiment apprécier mes reliques.
D’ailleurs, l’idée de revendre le tout à un prix raisonnable a pris le dessus et avec cet argent, j’ai pu offrir une Switch et des jeux à mon fils.
Alors, j’ai tout revendu. Et je me suis rendu compte que j’en devenais juste plus léger·e.
C’était le point de bascule qui m’a permis de m’intéresser au minimalisme, sans vraiment poser de mots dessus d’ailleurs, jusqu’au visionnage du documentaire du même nom sur Netflix (dont vous pouvez retrouver le lien dans les notes). J’avais besoin de me rendre compte que j’existais, alors, au travers de mes possessions, et que je les utilisais presque comme une sorte d’identité pour affirmer qui j’étais.
Alors, même si au contraire de Marie Kondo, je ne remercie pas mes anciennes possessions quand je décide de me séparer d’elles, tout comme elle, par contre, j’apprends à me limiter à ce qui me sert réellement.
Je veille à ne plus jamais exister au travers de mes possessions, mais posséder ce qui sert à mon existence.
Je n’achète plus beaucoup de produits culturels en version physique, je préfère me contenter de versions numériques que je trouve, par ailleurs, bien plus pratiques à utiliser.
Par contre… je ne m’interdis pas de m’offrir des objets qui me servent à apprécier les moments que je vis. Qu’il s’agisse d’instruments de musique, de matériel pour le podcast ou la photographie, …. Pour toutes ces choses qui me servent à créer, à explorer mon potentiel créatif, je n’hésite pas.
Enfin… je n’hésite pas… C’est là que surgit ma conscience écologique.
Consommer et collectionner, au-delà de l’impact financier et l’espace requis, c’est aussi nécessiter des ressources rares et qui sont pour la plupart finies, comme j’en parlais dans un autre épisode de l’École des FAQ que vous trouverez également dans les notes de l’émission.
Pour pallier ces remords, je privilégie au maximum les achats d’occasion quand cela est possible. Tout comme j’ai permis, à l’époque, à des amateurices de vieilles consoles de profiter de mon ancienne collection, aujourd’hui je profite du matériel peu utilisé d’autres à un prix réduit.
C’était ma version du conte de Noël. Mes propres besoins, limites et envies.
Ceci dit, en dehors des spéculateurices qui sont aussi toxiques que les personnes qui stockent du PQ pendant les pandémies, je comprends totalement les besoins contraires.
C’est compliqué de vivre de peu dans notre société qui ne survit que par la croissance économique.
Travailler plus, et souvent trop.
Pour produire plus que ce qui sera acheté.
Pour acheter plus que nous ne pouvons nous le permettre.
Le COVID a d’ailleurs été un sacré coup de semonce pour démontrer la fragilité de ce système.
Et même en dehors de cela, pensons à toutes les fêtes commerciales qui sont parsemées tout au long de l’année ! St Valentin, Pâques, Fêtes des parent·e·s et grand-parent·e·s, St Nicolas ici en Belgique, Noël… et j’en oublie un paquet (contrairement au Père Noël j’espère).
Et pour écouler les surplus on a inventé les soldes. Le black Friday, le cyber Monday, … tous ces moments qui vont déclencher notre peur de louper une opportunité en titillant notre FOMO (fear of missing out) si on ne parvient pas à réfréner ses pulsions.
La croissance nous tue. L’effondrement est-il une réalité ? La décroissance est-elle possible, désirable et la solution ?
Je vais encore creuser la question et je serai heureux·se d’avoir vos liens sur le sujet.
Nous voici quelques minutes plus proches de Noël et ses cadeaux, alors je me demande si vous avez rédigé votre liste au Père Noël, si vous avez commencé à acheter les cadeaux pour les personnes qui vous sont chères.
Pour ma part, même si j’ai décidé de répondre au minimalisme en ce qui me concerne, je ne me priverai évidemment pas de faire plaisir à mon fils et mes proches au travers de quelques cadeaux.
Alors… joyeuses fêtes à vous.
Si vous désirez en apprendre plus sur le sujet, et ce pour chaque épisode, vous trouverez un lien vers mes notes et ressources dans la description de chaque épisode. N’hésitez pas non plus à venir en débattre sur les réseaux sociaux, ils sont également disponibles dans la description.